vendredi 3 avril 2009

MURIELE ET L'ART

Aussi loin que je me souvienne, je ne cultive pas un rapport inné à l’art.
Et pourtant, en ma mère qui s’émerveillait simplement devant un grain de sable, je décryptais déjà l’incommensurable de l’univers. En mon père qui cultivait son jardin secret, je voyais la pousse émerger de la graine, se démultiplier, pour donner naissance à un Eden foisonnant.
J’étais une enfant qui parlait peu, ne se mêlait pas. Tout mon temps, je le passais à observer le monde qui m’environnait. Ce que je ne savais pas encore, c’est que la tristesse que je vivais intensément face à la vanité de l’Humanité, allait me conduire à la joie d’en faire intimement partie. Car nous pouvons le pire comme le meilleur, et le meilleur réside en notre don de créer. L’Art, ainsi, sans que je le pressente, me nourrissait déjà.

Mes monologues intérieurs enfantins ressemblaient étrangement aux questionnements du Petit Prince, comme emprunts d’une poétique revigorante au pendant cynique, puisque nul ne semblait les envisager. Les grandes personnes s’intéressaient à mes bonnes notes, mais pas à mon âme :
Les chiffres, les mesures, les étiquettes, les cases, les normes me donnaient la nausée.
Le teint de l’herbe, le reflet sur une goutte de rosée, une ride qui souriait, la douceur d’une vergeture, un silence qui parlait, me donnaient à grandir.

- Qu’aimes-tu toucher ?
- De quelle couleur sont tes rêves ?
- Les araignées ont-elles peur ?
- Les pierres ont-elles une âme ?

sont les berceuses de mon enfance de l’Art, où rien ne se monnaye et où tout s’offre.
Car l’Art est un don de vie.

Murièle

ART ET ARGENT



"Le Petit Prince" de Saint Exupéry
Extrait